Nos jours de repos arrivent à leurs fins, j'ai pas encore pris le temps d'écrire et d'envoyer à la femme qui compte le plus à mes yeux, ma maman.
Je compte bien cette fois ne pas faire mon timide et lui envoyer un long roman pour lui parler de ma vie ici, cependant je ne pense pas lui parler des opérations d'Auvairniton Bourgrire.
Le caporal-chef a bien insisté sur le projet "top secret" sur lequel fessions parties, je vais donc lui parler de Parius, Bruno et Charles, enfin tous les copains du régiment quoi!
Ma très chère maman,
L'odeur de ta cuisine me manque, ici la soupe au poids n'est pas à la hauteur...
Tu ne peux pas savoir comment ici, la vie nous échappe de jour en jour, la mort nous poursuit à chaque instant. L'ennemi est absolument partout, il est robuste, bien caché et très dur à repousser si ce n'est même impossible. J'espère qu'a la maison vous êtes en sécurité avec papa et Jean-Pierre le petit dernier que cette guerre n'aura pas, mais sera-t-il Français ? Rien n'est sûr!As tu entendu parler de soldat allie qui viendrait nous porter main-forte ? Ici la situation est tendue, nous sommes pendant une semaine en mode ravitaillement, car notre régiment à réussir à tuer beaucoup d'hommes pendant une attaque.Je dois donc tuer le plus possible d'hommes, des hommes que je ne connais pas, qui sont là car leur pays leur a demandé, une bien triste de mort pour lui ou pour un de notre compatriote.Tu sais je pense que cette guerre est perdue d'avance et que même si je m'en sors, cette guerre m'a tué.Cette guerre ma tuée car elle a bousculé la vie qui m'était destiné, je ne pourrais rien faire comme avant, j'ai déjà tué des dizaines d'Allemands, certains m'ont regardé dans les yeux, comment veux-tu que j'oublie un jour cela ? Je vis en fonction de sa violence, des décisions des attaques ennemies Allemande, c'est vraiment très dur mentalement.Physiquement je t'en parle même pas, il fait froid, humide, nous sommes bien loin du confort de la ferme avec le petit feu dans la cheminée.Ici, je me suis quand même fait des amis, Marius, Maurice, Bruno, Charles, je vais essayer de récupérer une photo prise de notre régiment avant le départ, je pourrais te les montrer si je reviens un jour vos rejoindre.Ce sont des gars très gentils qui ont tous un petit côté cocasse en eux, l'harmonica de Marius calme souvent nos esprits de tête brûlée...
Maman, il faut que je te laisse, nous repartons en première ligne demain matin à l'aube, j'ai juste le temps de fumer une cigarette, oui, je me suis mis à fumer ici...
Maman, je t'aime
Raymond