La France étudie d'ailleurs l'implication d'un second Français qui apparaîtrait sur la vidéo d'exécution diffusée dimanche, dans laquelle l'EI a également revendiqué la décapitation de l'otage américain Peter Kassig. C'est une "possibilité", a déclaré le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Nous procédons à des expertises et des analyses qui nous permettront de confirmer ou pas", a-t-il ajouté, en précisant que son nom serait dévoilé si c'était le cas. La justice française a déjà formellement confirmé la présence, parmi les bourreaux, de Maxime Hauchard, 22 ans et originaire de Normandie (nord-ouest). Ce converti à l'islam serait "parti en Syrie en août 2013 après un séjour en Mauritanie en 2012", selon Bernard Cazeneuve.
Si le gouvernement a commencé à mettre en place des dispositifs pour empêcher les candidats français au jihad à passer à l'acte, qu'en est-il pour ceux qui sont déjà partis et qui reviennent en France? Le cas de Maxime Hauchard a relancé le débat sur la question.
"138 jihadistes judiciarisés"
Interrogé sur France 2, le ministre de l'Intérieur a assuré que ce genre de profil était suivi par l'Etat. "Pour ceux qui reviennent nous avons un suivi, une judiciarisation de leur situation. Il y a aujourd'hui, 138 jihadistes qui sont revenus et qui sont judiciarisés, mis en examen, incarcérés, mis sous contrôle judiciaire de manière à faire en sorte que ceux qui reviennent ne soient pas en situation de commettre des crimes", a-t-il affirmé.
Du côté de l'opposition, l'ex-ministre Valérie Pécresse (UMP) a pour sa part jugé mardi qu'il fallait traiter les conversions au jihadisme comme des "dérive sectaires" avec des centres dédiés "de désendoctrinement", au lieu de prisons de droit commun. Sur France Info, la députée, qui s'est rendue en Irak il y a quelques semaines, a commenté la présence d'un Français parmi les bourreaux de l'organisation Etat islamique. "Cela ressemble terriblement à des dérives sectaires".
"On ne peut pas, lorsque ces jihadistes reviendront en France, les traiter comme des prisonniers de droit commun. Il faut ouvrir des centres de désendoctrinement" et "certainement pas les incarcérer dans des prisons de droit commun". "On est face à un système d'endoctrinement, de lavage du cerveau", selon la chef de l’opposition en Ile-de-France. Un risque que ces centres deviennent des "Guantanamo", ce centre militaire américain d'incarcération pour jihadistes? "Non, en France, nous avons des libertés publiques, des droits de l'Homme. Le vrai risque c'est de faire revenir en France des jihadistes" qui en "contamineront" d'autres selon elle.
Interdiction de revenir en France
Interrogé sur i>TELE, le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin, a lui estimé "que de simples centres ne suffiraient pas. Il ne faut surtout pas les laisser revenir à mon avis sur le territoire de la République française". "Peut-on les laisser revenir et simplement faire des stages pour, si j'ose dire, se désislamiser ? En même temps, il ne faut pas confondre l'Islam d'Averroès, les musulmans qui vivent tous les jours dans la République et les quelques fous furieux qui effectivement sont de véritables dangers publics et je crois que l'Etat français, dans une grande union nationale, doit réfléchir à ce qui pourrait être une certaine justice pour eux", a dit Gérald Darmanin, proche de Xavier Bertrand qui prône lui aussi une "justice d'exception" pour les jihadistes.
Le député-maire de Saint-Quentin estime en effet que "ceux qui sont partis faire le jihad et qui reviennent sont aujourd'hui, pour moi, présumés coupables et en veulent à nos libertés et à notre sécurité". "Nous avons pris des mesures pour compliquer le départ. Mais maintenant c'est d'empêcher le retour. Il faut très clairement indiquer qu'il y a une présomption de culpabilité. Et ceux qui sont nos ennemis à l'intérieur, il faut les priver de liberté", a-t-il affirmé il y a quelques jours sur France Info.
Du côté du FN, Marion Maréchal Le Pen aimerait quant à elle "étendre les critères de déchéance de nationalité pour les binationaux" ce qui permettrait d'expulser les jihadistes. Soulignant la nécessité d'un "accompagnement de déradicalisation" sur BFMTV, la députée du Vaucluse souhaite également "mettre fin à la mixité carcérale et pouvoir isoler les islamistes radicaux dans les prisons françaises, qui ne sont plus adaptées à repérer ceux qui pratiquent le prosélytisme".
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