Depuis le temps que nous entendons parler dans les tranchées de la dernière opération d'Auvairniton Bourgrire, nous y voila enfin, deux mois après la première mission suicident, nous avons été des nouveaux appelés pour une attaque surprise dans un bunker Allemand qui domine une plage dans le nord.
Je ne sens pas du tout cette mission, nous allons devoir nous passer de Charles et Bernard qui a été tiré comme des lapins dans les tranchées il y a peu de temps, nous écoutons tous les ordres de notre caporal mais même lui ne croit pas, cela se voit dans ses yeux, la guerre serait elle déjà perdue d'avance ?
Les yeux brillants, le caporal-chef nous expliquent que nous allons être parachutés à un kilomètre de plage et nous devrons nager avec notre équipement et sans se faire remarquer en direction de notre objectif, un indique sur place devrait nous attendre à six heures tapant côté ouest du bunker.
Nous avons comme mission de détruire le canon 88 mm qui domine la colline, seulement une dizaine d'Allemands gardent cet endroit stratégique, d'après nos informations, c'est une mission sans risque et nous sera seulement cinq soldats d'Auvairniton Bourgrire à participer à ce sabotage.
Les soldats pour cette mission seront, Maurice, Bruno, Marius, Josèphe et moi-même, nous allons donc profiter de cette courte nuit pour nous préparer physiquement et mentalement, ce jour-là, même Marius ne trouve pas de blague pour nous faire sourire, l'état d'esprit de notre régiment est mitigé et j'ai une mauvaise appréhension...
Fidèle à moi-même, je vais en profiter pour écrire une longue lettre à maman et de lui envoyer deux rares photos que j'ai récupérées ici, je ne sens pas du tout cette mission, j'ai un mauvais pressentiment qui ressemble fort à celui que j'ai ressenti quand Charles et Bernard se sont fait tuer dans nos tranchées suite à une attaque surprise Allemande.
Et je pense que je ne suis pas le seul car je vois Marius et Maurice écrivent également à leurs proches, c'est bien la première fois que je vois ses deux là utiliser un crayon et un papier pour faire autre chose que des dessins cochons. En ce qui me concerne, j'ai décidé de dire toute la vérité à ma maman au sujet du régiment des Auvairnitons Bourgrires, qui nous sommes et le rôle que nous avons pendant cette Seconde Guerre mondiale .
Je risque d'avoir des gros problèmes suite à toutes les informations que je donne à ma mère, mais que fera-t-il a un soldat mort . J'ai l'impression que mon heure est arrivée et que cette opération commandos va être la dernière, je pourrais ainsi rejoindre Bernard et Charles pour l'écouter pousser ses petites chansonnettes qui me manques-t-en...
Cher journal, il me reste six heures pour me reposer avant d'être au garde-à-vous sous notre drapeau tricolore, j’espère que je vais pouvoir continuer à t'écrire mes ressentis et en particulier demain soir après la mission d'Auvairniton Bourgrire...
À demain si Dieu le veut.
Raymond Oesknar